Le vendredi 26 juin
2009
La
famille des Clisson - Mr Philippe Richard
La première
mention de Clisson dans l'histoire de Bretagne remonte au XIe siècle
: la construction d'une forteresse par Foulque Nera, comte d'Anjou : Clisson
est donc à l'époque une forteresse angevine ; mais en 1070
Baudry de Clisson fait partie des "milites" du comte de Nantes.
Lors du conflit anglo-français avec Philippe-Auguste, la conduite
est fluctuante, car en 1207 Guillaume de Clisson s'est soumis à
Jean-sans-Terre, qui possède l'Anjou. Mais la victoire française
sera suivie d'un pardon demandé à Pierre Mauclerc.
Guillaume de Clisson accroît la puissance de son château,
restant vassal d'une famille angevine. En 1210, il épouse Constance
de Ponchâteau, riche héritière : c'est le début
d'une politique d'alliances par mariages : alliance avec les Craon : Olivier
III avec Isabeau de Craon ; Olivier
IV (père du connétable), épousera Jeanne de Belleville,
d'où l'apport des terres de Beauvoir, La Garnache, ... en limite
de Bretagne côté Vendée.
Les 30.000 livres de rentes annuelles prouvent une politique matrimoniale
constante. Les Clisson sont alors une grande famille de seigneurs bretons,
qui n'hésitent pas à s'opposer au duc (conflit de Guillaume
de Clisson avec Pierre Mauclerc puis Jean Le Roux ; Olivier IV avec Jean
IV, etc.). Olivier
V, le connétable bien connu, possède 23 paroisses autour
de Clisson, plus Thury-Harcourt (Calvados), Blain, etc. et jusqu'à
1/5 du territoire de la Bretagne.
Les frères
Cacault et Frédéric Lemot : le Clisson italien - Emmanuelle
Belletre (Office du Tourisme)
Suite aux importantes
destructions de la ville de Clisson lors des guerres de Vendée
pendant la Révolution, la reconstruction se fait peu à peu.
Trois hommes vont jouer un grand rôle dans cette reconstruction
qui va donner à Clisson son allure italianisante d'aujourd'hui.
François
Cacault est né à Nantes en 1743. Secrétaire de
l'intendant de Bretagne de 1775 à 1785, il devient secrétaire
à Naples au royaume des Deux-Siciles. En mission auprès du Pape,
il est chargé pendant la Révolution de rapatrier les artistes français
séjournant à l'Académie de France à Rome.
Propriétaire d'une très riche collection de peintures, il
décide en 1797 de créer un musée-école à
Clisson, où il s'installe avec son frère dans l’ancien presbytère
de la Madeleine. En 1798 il est élu député de la
Loire-Inférieure ; en 1901 il est négociateur de Napoléon,
et en 1804 sénateur de la Loire-Inférieure. Il décède
à Clisson en 1805. Il va jouer un rôle très actif
dans la reconstruction de Clisson, en imposant avec son frère le
style italianisant qu'il a apprécié pendant ses années
en Italie.
Son frère Pierre
Cacault est né à Nantes en 1744 et y décèdera
en 1810. Dessinateur dans une faïencerie, il ira à Rome en
1773 travailler dans l'atelier de Vien. Il passera 20 ans en Italie, effectuant
des copies d'oeuvres célèbres. Il découvre Clisson
en 1796. De 1799 à 1804, il lance la construction du musée-école,
qui n'aura qu'une vie éphémère (les oeuvres de la
collection Cacault seront transférées à Nantes en
1810).
François-Frédéric
Lemot né à Lyon en 1771 et décédé
à Paris en 1827. En 1785, il est élève de Claude
Dejoux ; en 1790 il est grand prix de Rome. De 1790 à 1795 il est
à l'académie de France à Rome ; il devient sculpteur
officiel (république, empire, monarchie). Invité en 1805
à Clisson par les frères Cacault, il est séduit par
le site et décide de s'y installer. Il y achète le bois
de la Garenne, où il va faire construire sa superbe demeure ; en
1807 il achète le château qu'il veut sauvegarder. Mathurin
Crucy sera l'artisan principal de ses réalisations de style
italien à Clisson. A la veille de sa mort, Lemot sera nommé
baron de Clisson.
L'introduction
en Bretagne de plantes exotiques par des naturalistes voyageurs bretons
- Yves-Marie Allain
Plusieurs navigateurs
bretons ont rapporté de leurs voyages autour du monde maintes plantes
inconnues en Europe. Parmi ceux-ci, des naturalistes bretons ont rammené
des plantes vivantes ou en graines ; mais l'achat de plantes rammenées
en Europe au port de Nantes n'est pas à exclure. Les arrivées
des plantes en Europe ne sont pas toujours connues, comme l'araucaria
du Chili, arrivé à Glomel à une date inconnue. Quelques
repères datés :
1688 : premier jardin botanique à Nantes
1694 : jardin de l'hôpital de la Marine à Brest
1770 : pendant 25 ans, un jardin botanique à Lorient
Le latin est et demeure la langue de la botanique.
A la fin du XVIIe siècle, les botanistes ont répertorié
plus de 1000 échantillons ; "Flora Atlantica" (René
Desfontaines, 1800).
Quelques noms connus :
- Roland Michel Barrin, marquis
de La Galissonnière, né en 1693 ; ramena en 1732 un magnolia
grandiflora. Il fut gouverneur du Canada.
- Auguste Glaziou, né en 1828 à Lannion ; s'installe à
Bordeaux ; va au Brésil où il sera jardinier de l'empereur
; décède en 1906 à Bordeaux.
- Victor Ségalen,
né à Brest en 1878 et décédé au Huelgoat
en 1919 : médecin de la marine et ethnographe.
Le samedi 27 juin
2009
Actualité
et devenir de la production vitivinicole en Loire-Atlantique - Emmanuel
Torlasco
Nous avons eu une
présentation très réussie des activités de
la zone économique de Clisson, engagée vers la qualité
et le développement durable.
Le développement durable du territoire a été axé
sur 7 principes : temporel et spatial, participation, intégration,
subsidiarité, précaution et responsabilité.
La production dans un contexte de durabilité se doit de prévoir
le long terme (et non le court terme qui aveugle).
Il faut aller à la rencontre des acteurs, les motiver, évaluer
les retombées ; il faut susciter l'émulation collective,
le partage des richesses et de la potentialité locale.
Le
vignoble autour de Clisson c'est aujourd'hui 11.500 hectares,
exposés
aux maladies du bois (certains traitements sont désormais interdits).
Le cépage local (melon de Bourgogne) est unique au monde (mais
très sensible aux maladies).
La présence à proximité de la métropole de
Nantes est un atout, ainsi que les rapports Loire-Bretagne (affectifs,
physiques, culturels : il faut savoir les relier). Le tourisme culturel
et viticole progresse.
La profession viticole se concentre depuis 20 ans. Les acteurs ont réintégré
les coûts cachés, et l'interprofessionnalité est plus
forte. L'offre de muscadet est aujourd'hui diversifiée, et vise
la qualité et non plus la quantité. Le terroir représente
1/5 à 1/6 du vignoble de Loire. L'exploitation type a aujourd'hui
plus de 20 hectares (5 ont plus de 100 ha, 60 ont plus de 60 ha).
La technique de vinification sur lie est unique au monde (embouteillage
de mars à novembre après élevage sur lie)
Les rendements actuels sont de 55 à 65 hectolitres à l'hectare,
ce qui est peu.
8000 hectares en muscadet de Sèvres-et-Maine (appellation reconnue
en 1936) ; 3000 hectares en muscadet Côteaux de Loire.
La production annuelle est d'environ 580.000 hectolitres (en 2008), commercialisée
à 70% (le reste en vente directe).
Aujourd'hui, le muscadet est capable de vieillir de 6 à 10 ans
; c'est un vin blanc de consommation citadine, à degré peu
élevé.
La prochaine création de la maison des vins à Nantes place
du Commerce sera bénéfique au muscadet en tant que symbole
de réappropriation.
Les enjeux de la
réunification de la Bretagne historique - Pierre-Yves le Rhun
Originaire du pays
bigouden, Pierre-Yves Le Rhun est professeur agrégé de géographie,
vivant à Nantes depuis 40 ans. Il est vice-président de
l'association "Bretagne Réunie".
Il rappelle que le vin rouge était la principale production du
vignoble il ya 40 ans, avec d'excellents vins (gamay, cabernet, ...) ;
ces vins existent encore aujourd'hui et gagneraient à être
connus. Il regrette qu'aujourd'hui trop peu de viticulteurs (moins de
10%) soient engagés dans l'agriculture biologique, ce qui entraîne
la présence de trop de pesticides dans les nappes phréatiques...
Sur la réunification de la Bretagne, il note la prise de conscience
de la fierté d'être breton, mais aussi français et
européen : la triple appartenance est visible en Bretagne et en
Loire-Atlantique. Les Bretons affichent souvent les trois drapeaux, ce
qui est loin d'être aussi fréquent en France.
La réunification a été exposée dans un document
de 4 pages en couleurs distribué à 500.000 exemplaires.
Environ 2/3 des habitants de la Normandie sont d'accord pour la réunification
de leur province ; et autant en Bretagne. Aujourd'hui, il faut des régions
à taille européenne, d'où le projet du nord-ouest
en 4 régions (Bretagne, Normandie, Val de Loire, Poitou-Charentes).
Les sondages donnent toujours une majorité de 65% à 70%
d'habitants favorables à la réunification. Les adversaires
au projet (avec en tête comme raison la carrière des élus...)
créent des obstacles en faisant faire des contre-sondages qui ventilent
les votes sur
différentes propositions. Mais ceux qui sont pour une Bretagne
élargie sont aussi pour la réunification de la Bretagne.
Le label "produit en Bretagne" est utilisé de plus en
plus en Loire-Atlantique.
Le découpage actuel empêche la formation d'une grande région
maritime et entraîne une concurrence stérile entre Nantes
et Brest. Actuellement, les maires de Nantes et Rennes préparent
une alliance, avec un colloque en octobre à Rennes et Nantes.
Il faut qu'il y ait une aire métropolitaine avec un partenariat
entre villes voisines. Un aménagement équitable devra permettre
d'éviter que la pénsinsule soit en déliquescence...
Vie économique
actuelle de la vallée
de Clisson - Jean-Yves Templier, président de la communauté
de communes.
La
communauté de communes comprend les 7 communes du canton de
Clisson plus 5 du canton d'Aigrefeuille.
Clisson était connu pour son marché aux bestiaux, car le
territoire pratiquait l'élevage de veaux qui venaient par exemple
de Châteaubriant.
Depuis 2001, le regroupement de communes a permis d'augmenter les dotations,
avec 3 pôles : viticulture, élevage, et maraîchers.
Aujourd'hui, tout le territoire est cultivé. La surface est de
35.000 hectares, avec 33.000 habitants.
Les taxes professionnelles apportent 8 millions d'euros, dont 4 millions
sont restitués aux communes et 4 millions à la communauté
de communes.
Les grands projets :
- le désenclavement : une plate-forme multimodale avec la voie
ferrée.
- le grand contournement de Nantes devrait apporter une
facilité d'accès à la communauté.
- accueil familles et entreprises : la population a beaucoup augmenté
car Nantes est proche.
- un schéma de cohérence territoriale : il faut accueillir
les entreprises au bon endroit (1400 entreprises et 11 à 12.000
actifs).
- un projet de gestion de la zone de l'ancienne mine d'uranium à
Gétigné : sur 14 hectares, installation de panneaux photovoltaïques
(production d'énergie durable).
La communauté de communes a actuellement 55 salariés (dont
20 pour la piscine, 20 à l''environnement) ; tous les mardis soirs
a lieu une réunion des maires.
Vie et oeuvre du
poète Jean
Meschinot - Denis Hüe
Spécialiste
du Moyen Age, Denis nous présente un poète breton, Jean
Meschinot, né près de la ville de Clisson en 1420 au manoir
de la Cour des Mortiers. C'est un grand poète français,
dont l'audience dépasse la Bretagne. Son oeuvre va cristalliser
l'imaginaire de son époque, sur les plans religieux, moral, politique...
Elle rencontre un certain succès de librairie, avec 32 éditions,
chaque fois entre 200 et 500 livres. Il aura servi les ducs de Bretagne
: Jean, François, Pierre et Arthur, puis François II et
Anne de Bretagne. Dans les comptes du duché, il apparaît
comme poète en 1446, occupant aussi une fonction militaire (organisation
des monstres, etc.) : c'est un homme de terrain, au service des princes.
Il compose des rondeaux (pièce fugitive, à la mode). Il
disparaît des comptes en 1558.
Les recherches dans les archives montrent que Philippa d'Andouelle épouse
Jean Meschinot, et qu'elle étrangle son enfant en août 1444.
Son jeune mari demande sa grâce.
En 1458, on le trouve comme poète à Blois chez Charles d'Orléans
(lui-même poète). On trouve dans les comptes de ce derniers
des paiements à Jean Meschinot : "pour un rondeau, cinq écus".
Vers 1460, il est en proie à la pauvreté et à la
dépression. Il acquiert un nouveau statut en 1461 en écrivant
de grandes poésies, comme les "lunettes des princes",
quatre morceaux liés aux vertus cardinales ; suivront "les
ballades des princes", et la"supplication du banny de Liesse"
(autobiographique), qui sera traduite en anglais en 1480.
Il fait entendre la voix de la Bretagne dans "la ballade pour la
duchesse Marguerite de Foix" et dans la "Déploration
de la cité de Nantes". Dans le domaine religieux, on lui doit
une "prière à la Vierge".
Il meurt en 1491 (ou 1509 ?) : la date de son décès reste
controversée.
->
lire quatre poèmes de Jean Meschinot
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