Synthèse
des exposés du 147e congrès tenu à Sarzeau les 14,
15 et 16 juin 2013
Journée
du 14 juin 2013
1- Après quelques
mots de Yann Kergall, président de l'Association Bretonne,
Yves Borius, ancien maire, prononce l'allocution de bienvenue en lieu
et place du maire, David Lappartient, retenu par une réunion en
Allemagne.
Yves Borius a été l'initiateur de la réalisation
de l'espace Hermine, le centre culturel de Sarzeau où se déroule
le congrès, qui héberge différentes activités
artistiques et culturelles, comme la bibliothèque. Il brosse un
rapide portrait de la presqu'île de Rhuys, où le port de
plaisance du Crouesty est devenu le premier de Bretagne.
2- Yvon Le Blohic
: deux lexicographes de la presqu'île de Rhuys
Pierre de Chalons (1641-1718), né à Saint-Dizier près
de Lyon, fut recteur de Sarzeau sous la régence.
Claude Cillart de Kerampoul (1686-1749), né à Sarzeau, était lui
aussi prêtre. Chacun a produit un dictionnaire du parler breton de l'évêché
de Vannes.
Ces deux ouvrages sont utiles pour connaître le breton parlé
dans la presqu'île de Rhuys, d'où il a disparu (début
du déclin vers 1930, décès des derniers locuteurs
dans les années 80). Cette disparition est due à l'affluence
touristique dès le XIXe siècle (parution en 1864 du "Guide
des baigneurs et des touristes" de la presqu'île de Rhuys,
imprimé chez Galles à Vannes).
Le seul dictionnaire breton publié au XVIIe siècle est celui
du père Maunoir, avec vocabulaire, grammaire et syntaxe.
Le dictionnaire de Pierre de Chalons sera publié en 1723, cinq
ans après sa mort. Sur 170 pages de petit format, il contient 5000
mots ; il mentionne parfois les formes de la presqu'île.
Claude Cillart de Kerampoul fut très tôt orphelin de son
père, sénéchal de Rhuys, il fut recueilli et éduqué
par son oncle, recteur de Noyal-Pontivy. Il publia son dictionnaire sous
le pseudonyme "L'A." [L'Armerye], avec un faux lieu d'impression
(Leyde, en fait à Vannes).
C'est un ouvrage de 500 pages, réédité plusieurs
fois, et encore assez courant dans les ventes d'ouvrages anciens. Il comporte
beaucoup d'expressions, montrant souvent le caractère de son auteur
(dictons usuels, phrases d'humour, on retrouve toute sa personnalité
dans cet ouvrage haut en couleur...) ; le dictionnaire suivant du breton
vannetais sera celui d'E. Ernault en 1904.
Nota : Le lieu de Kerampoul à Sarzeau héberge aujourd'hui
un camping.
3- Guy Lanoë
: Le port du Crouesty
Au XVIIe siècle, Arzon est connu pour son commerce de la sardine,
et le cabotage à voile. Mais peu à peu l'activité
diminue, et en 1950, la commune est dépeuplée. Dans les
années 60, Raymond Marcellin va impulser un projet ambitieux, autour
d'un port de plaisance à créer dans une vasière inutilisée.
140 hectares vont être achetés par le conseil général,
y compris le promontoire du Petit Mont. Le chantier va commencer dès
1972, avec une maquette et un nouveau plan d'occupation des sols en 1976.
En 1981, la Société de Développement du Port du Crouesty
(SDPC) lance un projet immobilier avec un architecte des stations de montagne,
ce qui va donner son caractère si original au site.
En 1984 est construite la maison du port ; Pierre et Vacances bâtit
ses logements à destination des touristes, la thalassothérapie
arrive avec le gigantesque Miramar... Arzon compte 2260 habitants hors
saison, mais beaucoup plus en été...
Le projet a pourtant ses revers : deux mois de fonctionnement optimal,
le déport des lieux préférés des touristes
(le "rempart" immobilier de Kerjouanno au bord de la mer est
en berne...), et la campagne d'Arzon semble abandonnée, malgré
l'existence de 30 km de sentiers pédestres au bord de la mer et
à l'intérieur des terres...
4- la présidente
de la Fédération des sociétés savantes de
Bretagne (FSB) fait une rapide présentation de la fédération,
qui regroupe une dizaine d'associations d'histoire et d'archéologie
sur toute la Bretagne ; cf. http://www.shabretagne.com/federation.php
5- Hervé
du Cleuziou : les marais salants de Sarzeau
Cette activité ancienne exploitait 1000 hectares de marais dans
la presqu'île au XVe siècle, grâce à l'ensoleillement
estival qui permettait, par un système traditionnel d'étier,
de gobier, de fares, adernes et oeillets, de récolter chaque année
des tonnes de sel, quand la température est supérieure à
22°C. Hervé du Cleuziou nous présente plus particulièrement
les marais salants de Kerboulico, une centaine d'hectares autour de l'étier
de ce nom, faisant partie au XVIIe siècle du domaine royal, suite
au domaine ducal de Suscinio. En 1711 a eu lieu une "aliénation
des terres vaines et vagues" par afféagement : Hervé
du Cleuziou a pu retrouver les preuves historiques, en particulier les
actes d'afféagement, dans le chartrier d'Uzès, regroupant
en particulier de nombreux documents de la famille de Conti ; d'où
400 pièces et dossiers, concessions royales d'endiguages, confirmations
de la sénéchaussée de Surzur, ... tous documents
encore nécessaires aujourd'hui pour apporter des preuves de propriété.
On peut donc reconstituer les travaux nécessaires à l'exploitation
des marais salants : 700 hommes pour faire les digues, d'où un
coût de 38.000 livres à l'époque (1 livre = 20 €
d'aujourd'hui) pour 20 hectares de marais avec 250 oeillets. Un paludier
exploite 25 oeillets annuellement, récoltant 1 tonne par oeillet.
La rentabilité était de 5 à 6%, ce qui était
recherché à l'époque. Chaque paludier avait droit
à 100 kg de sel par an pour sa famille. La gabelle était
imposée au commerce du sel en France, mais pas en Bretagne, d'où
une contrebande énorme, qui a conduit à avoir jusqu'à
250 douaniers dans la presqu'île, logés dans 10 casernes...
La libéralisation du commerce du sel n'arriva qu'en 1810, ce qui
conduisit à la ruine de l'activité.
6- Raphaël
Valéry : le château de Kerlévénan et le manoir
de Kerbot / histoire des Gouvello
Présentation rapide des manoirs et des familles concernées
; un riche mariage apporta au marquis Joseph-Armand de Gouvello les finances
nécessaires à la construction pour son épouse en
1780 de la magnifique copie du petit Trianon qu'est le château de
Kerlévénan, avec pavillon chinois, temple de l'amour...
A la Révolution, le marquis de Gouvello émigre. Au XIXe
siècle, Amédée de Gouvello restaure Kerlévénan,
transforme le temple d'amour en chapelle, aménage le parc et les
jardins...
La visite du château sous la conduite de Gwenola de Gouvello après
le repas au manoir de Kerbot a permis d'admirer les extérieurs
et les pièces de vie, dont certaines conservent l'état d'origine
(XVIIIe siècle), comme le petit boudoir.
Une copie de la Diane
chasseresse de Versailles orne le parc du château.



7- Hervé
du Cleuziou et le château de Suscinio
La suite de la journée a eu lieu dans la cour du château
de Suscinio, où Hervé du Cleuziou a présenté
l'histoire du château ducal et sa restauration, menée sur
l'initiative de Raymond Marcellin. Le bâtisseur fut le duc Jean
Ier, au milieu du XIIIe siècle. Le château eut à souffrir
lors de la guerre de succession de Bretagne. Le grand logis avec les deux
tours fut ensuite construit. Arthur de Richemont y naquit. En 1710 la
princesse de Conti en devint la propriétaire. Mais le bâtiment
ne sert bientôt plus que de logements pour les exploitants des terres
agricoles. En 1779 a eu lieu un inventaire précis de toutes les
pièces du château, ce qui fut très utile pour les
travaux de restauration. En 1780, Mr Brenugat est le régisseur.
Au 31 janvier 1791, 8000 habitants vivent sur le domaine de Suscinio,
dont beaucoup dans des conditions misérables. Le château
fut vendu en 1793 comme bien de la couronne.
8- Pierre Beunon
: trois personnages historiques dans la presqu'île de Rhuys
Toujours dans la cour de Suscinio, Pierre Beunon, présente les
circonstances du passage dans la presqu'île de Jules César
: la bataille navale contre les Vénètes, avec des galères
construites sans doute à Nantes : les points d'observation de la
mer (Grand Mont, Tumiac, Petit Mont) furent sans doute tous trois utilisés,
mais le plus important fut probablement celui du Petit Mont à l'entrée
du Golfe ; on y a retrouvé récemment un autel romain portant
le nom du fils de Quintus Sabinus, lieutenant de Jules César.
Bertrand du Guesclin est le second personnage présenté,
lors de la fuite de Jean IV en Grande-Bretagne et la tentative d'appropriation
de la Bretagne par Charles V, tentative qui sera finalement un échec.
François Ier tenta également la soumission de la Bretagne
au cours d'un tour de France de deux ans : son cortège royal de
18.000 personnes ne pouvait loger en tout lieu, et en 1532 représentait
plus de monde que la population de Vannes où étaient réunis
les Etats de Bretagne.
8- Pierre Beunon
: le manoir de Caden
Pierre Beunon reçoit les membres du congrès dans les jardins
du manoir de Caden, dont il retrace l'histoire et les deux phases connues
de construction : une maison forte, remplacée par un manoir construit
perpendiculairement à la maison forte d'origine.
Le manoir est proche d'un étier, et donc d'une exploitation de
marais salants autrefois.

Journée
du 15 juin 2013
9- Yves Borius, en
l'absence de David Lappartient, retardé dans son retour d'Allemagne
en avion, fait une rapide évocation de l'Union Internationale des
plus belles baies du Monde, dont font partie Rio de Janeiro au Brésil
et le Golfe du Morbihan...
10- Yvon Le Blohic
: le salon littéraire du château de Keralier
Le 18e siècle est une période favorable à l'éclosion
des mouvements littéraires, y compris en Bretagne, qui compte des
personnages connus comme Elie Fréron, quimpérois et René
Lesage, de Sarzeau. Il n'existe alors en Bretagne qu'une académie
de marine, à Brest, ce qui ouvre la possibilité de création
de sociétés d'agriculture, de commerce, des arts...
Joseph René, comte de Sérent, propriétaire du château
de Keralier, va créer cette société avec Barthélémy
Pélage Georgelin, sénéchal de Corlay, et Marie-Madeleine
de la Goublaye, comtesse de Nantois.
Le comte de Sérent est gouverneur du château de Suscinio
et de la presqu'île de Rhuys ; il habite le château de Keralier,
grande demeure sur un terrain en pente vers le golfe.
La devise des Sérent est "Mon âme à Dieu, Mon
coeur aux dames, L'épée au roi, L'honneur à moi"...
Georgelin a fait ses études à Rennes ; en 1778, il a traduit
l'usement de Rohan en vers ; la même année, il envoie quelques
vers d'éloges à Voltaire, qui le remercie.
Marie-Madeleine de la Goublaye, comtesse de Nantois, est fille du maire
de Pontivy, Jacques de Kerangal, et demeure au château de Moustoirlan
en Malguénac à côté de Pontivy ; elle est une
excellente poétesse. C'est donc ces 3 personnes, vivant en des
lieux séparés (Corlay, Malguénac, Rhuys), qui vont,
lors d'une réunion à Malguénac, lancer le projet
d'un salon littéraire et même d'une académie de Bretagne.
Ils créent donc la "Société Patriotique de Bretagne",
ouverte aux femmes, qui va vivre de 1780 à 1790 et est domiciliée
au château de Keralier.
Six assemblées ont lieu annuellement, entre fin mars et fin septembre.
Les membres en sont des "citoyens unis" qui reçoivent
"l'hommage et la reconnaissance de la Société Patriotique",
dont les femmes sont "les ornements du temple de la patrie"...
La société recrute sur toute la France, et et comptera entre
50 et soixante membres, dont une dizaine de femmes, dont feront partie
Mme de Kerangal, Mme Necker (Mme de Staël), Mme de Beauharnais...
Ogée en fera partie. La société est connue à
travers le Mercure de France ; elle délivre des diplômes
en vers... En 1785 a lieu un essai de création d'une académie
"encyclopédique et populaire", qui ne verra jamais le
jour.
On approche de la Révolution, et Georgelin voit les choses bouger.
La publication en 1788 de "Yorick ou le voyageur breton" est
une véritable diatribe contre la société de l'époque.
Georgelin publie aussi un pamphlet très virulent, qui met fin à
la Société Patriotique.
La comtesse de Nantois émigre à Jersey, où elle va
décéder en 1795.
Georgelin devient juge du tribunal de Pontivy, puis de Vannes, et administrateur
du Morbihan ; il décède en 1798 à Guingamp.
Le comte de Sérent s'oppose à Jean-Marie Lequinio, maire
de Rhuys, et s'exile à Cruguel (manoir de Beaulieu) ; il décède
en 1792 à Vannes sans héritier.
11- Denis Hüe
: les 5 volumes du "Roi Arthur" de Xavier de Langlais.
Normand et médiéviste, Denis Hüe commence sa présentation
par une enquête sur l'histoire et la légende des romans arthuriens
(ou romans de la Table Ronde), sujet complexe dont les premiers textes
sont en latin. La "matière de Bretagne" est diffusée
par des Bretons, qui sont connus dès le Xe siècle comme
jongleurs (joculator) ; ce sont aussi des chanteurs, à l'origine
des neumes bretons, système de notation de la musique en vogue
à l'époque. Les lais bretons sont des textes chantés,
dont on raconte d'abord l'histoire. Marie de France a ainsi réécrit
ces textes de présentations des lais, qu'elle présente bien
comme bretons. La production incessante de nouveaux textes conduit à
créer des cycles, comme ceux de Lancelot, de Merlin ou encore du
Graal.
On ne rencontre aucun texte en breton, mais la création permanente
conduit à une nébuleuse de textes dans toute l'Europe, textes
qui sont ensuite bien vite oubliés.
On redécouvre le Moyen-Age au XIXe siècle ; l'abbé
de La Rue retrouve en Angleterre le manuscrit de la Chanson de Roland.
En 1854, on réédite Chrétien de Troyes, la société
redevient arthurienne, par le théâtre, l'opéra...
La version Vulgate de H.
Oskar - Sommer de l'histoire de Merlin est éditée en
1908 à Washington en 8 volumes, et est disponible sur internet
: http://archive.org/details/arthurian01sommuoft
et suivants.
De 1900 à 1930 a lieu une réappropriation du patrimoine,
et les rééditions des ouvrages de Bédier, de Boulanger
se succèdent (jusqu'à 15 éditions). La multiplicité
de ces éditions fait qu'il n'est plus besoin de faire de nouveaux
textes. Pourtant Xavier de Langlais l'a fait, d'abord pour redonner une
couleur vraiment bretonne aux textes, en réimplantant les événements
en Bretagne armoricaine. Plutôt que de travailler sur le
manuscrit 255 de Rennes, le plus ancien manuscrit illustré du cycle
du Lancelot Graal, Xavier de Langlais travaille sur les ouvrages Boulanger,
en créant par exemple la Bretagne Bleue, et le nom Marzhin pour
Merlin, avec un ancrage des toponymes autour de la forêt de Brocéliande
(ou de Paimpont) : c'est un beau travail de (re)création d'un imaginaire
de Bretagne.
Xavier de Langlais a également écrit en breton le tome I
de la collection.
12- Gaetan de Langlais
: illustrations de Xavier de Langlais
Projection d'un portrait de Xavier de Langlais réalisé en
1932 par Xavier Haas, demeurant au manoir de la Noëdic en Sarzeau
; Les deux amis se rencontrent souvent, dans le cadre de l'association
des "Seiz
Breur".
Gaétan de Langlais nous montre aussi des dessins de Xavier de Langlais
peu connus, illustrant des almanachs Ouest-France de 1955 à 1961,
dessins de tous styles, humoristiques, pour des histoires, des légendes...
Portail Langlais sur le web : http://www.delanglais.fr/
13- Marie-Renée
Martin-Roussel : Marie Le Franc, un singulier destin.
(Association "Les amis de Marie Le Franc" créée
en 1997)
Marie Le Franc est née le 4 octobre 1879 à Banaster, nommée
à sa naissance Marie Françoise. Dans son livre "une
enfance marine" (1959), elle raconte sa jeunesse dans la presqu'île
de Rhuys, où elle va à 5 ans vivre plusieurs années
chez ses grand-parents à Pencadénic. Son grand-père,
qui assure la traversée de l'étier de Penerf, lui raconte
souvent des légendes traditionnelles... A cinq ans elle apprend
à lire dans un missel en latin. Son père douanier avait
été muté à Séné, et va ensuite
à Sarzeau, où elle retrouve ses six frères et soeurs
; elle suit les cours de l'école des soeurs de Sarzeau, puis va
faire l'école Normale à Vannes.
Elle débute ensuite une carrière d'institutrice, avec un
premier poste à la Trinité-Porhoët. Elle écrit
beaucoup, y compris des poèmes. En mai 1900, elle correspond avec
le capitaine Marchand, le "héros de Fachoda", qu'elle
rencontre à Paris, sans que leur relation ait une suite. Elle est
ensuite nommée à Muzillac, à Vannes, à Colpo,
où elle vit la loi de séparation de l'église et de
l'état (1905) et ses excès dans son application.
Elle continue à écrire des poèmes, et correspond
avec le Canada, pays qui l'attire et où l'on parle français.
En janvier 1906, elle décide d'aller au Canada sur l'invitation
du journaliste et écrivain Arsène Bessette, mais leurs relations
tournent court ; elle décide cependant de rester au Canada, et
trouve un emploi au journal "la Patrie", où sa méconnaissance
de l'anglais ne lui permet pas de continuer plus de 3 mois. Elle fait
partie d'un petit cercle littéraire, et obtient un poste de professeur
de français dans une école privée. Elle fait peu
à peu sa vie au Canada ; en 1914, elle obtient un poste à
la Weston School, où elle restera 16 ans.
En 1916 et 1918, elle apprend la mort de ses deux frères à
la guerre sans pouvoir revenir en France ; en 1920, elle revient à
Rhuys, et y rédige un roman, qu'elle propose à un éditeur
parisien : ce sera un refus. De retour au Canada, elle reçoit en
1924 les palmes académiques, correspond avec Louis Dantin, critique
littéraire qui reconnaît ses mérites, et Victor Barbeau,
journaliste et écrivain. En 1925, elle imprime son roman à
ses frais, et gagne la bourse du voyage littéraire. De retour en
France à l'hiver 1926, elle reçoit le prix Fémina
en 1927 pour son roman "Grand-Louis l'innocent".
En 1928 au Canada, elle raconte ses parcours dans la forêt canadienne
des Laurentides, qui fourniront l'essentiel de la trame de ses romans
canadiens, tel "Le fils de la forêt". Elle fait
un nouveau séjour à Sarzeau en 1930, puis retourne à
Montréal. Elle participe à une expédition en Gaspésie,
et fait une conférence retentissante sur la misère des habitants
oubliés du gouvernement. Ce sera le sujet de son ouvrage "Pêcheurs
de Gaspésie". Elle fait plusieurs séjours en France,
où elle commence à être connue ; elle obtient la légion
d'honneur en 1935. Elle participe à un projet de création
d'une académie des lettres de Bretagne, fondée en juin 1937,
dont elle est vice-présidente.
Elle passe 1938 au Canada et revient en France en 1939 voir sa mère
mourante ; elle ne pourra pas quitter la France pendant la guerre, période
qu'elle passe à Sarzeau. Sans ressources, elle vit dans des conditions
précaires, mais aide quand même des réfugiés
de l'occupation allemande. Elle est de retour au Canada en 1947, où
elle reçoit une subvention mensuelle. Elle revient en France en
1950, est membre de la Société des Gens de Lettres en 1952,
officier de la légion d'honneur en 1953. Elle retourne encore au
Canada, et continue ses allers-retours entre la France et le Canada, ses
deux "patries".
En 1960 elle revient définitivement en France, où, en mauvaise
santé, elle sera admise au château du Val à Saint-Germain
en Laye, qui sert de résidence aux membres de la légion
d'honneur. Elle décèdera le 29 décembre 1964 à
l'hôpital de Saint-Germain, et sera enterrée le 5 janvier
1965 à Sarzeau, où sa tombe toujours fleurie côtoie
aujourd'hui celles de deux militaires canadiens décédés
au cours de la guerre 39-45.
Marie Le Franc apparaît comme une femme d'exception, indépendante,
active et entreprenante, qui eut une vie riche en événements
d'une grande diversité. Seule ombre au tableau, elle n'a pas pu
trouver le mari exceptionnel dont elle avait peut-être conçu
le modèle idéal dans ses rêves poétiques...
Site web de l'arrière petite nièce de Marie Le Franc
avec de nombreuses photos : http://www.everyoneweb.fr/marielefranc/
14- Jean-Claude
Le Dro : Yvon Mauffret, écrivain de la jeunesse et de la presqu'île
de Rhuys
Né en 1927 à Lorient la nuit de Noël, d'une famille
gildasienne, il fera des études à Saint-Sauveur de Redon
puis à Paris. Il navigue deux ans comme "écrivain"
(secrétaire de bord), aime écrire des poésies et
des textes courts. En 1951, il publie une brochure sur Saint-Gildas de
Rhuys, et poursuit à Paris ses relations avec d'autres écrivains.
Il reprend la mer en 52-54, puis se rend compte qu'il peut vivre de sa
plume, publie des pièces de théâtre, des nouvelles,
un roman non signé en épisodes dans la revue "Confidences"
en 1957 ; il utilise souvent le pseudonyme "Yvon Rhuys".
Entre 1958 et 1968, il collabore aux éditions catholiques de Montsouris
(Lisette, Pierrot, puis Champion) par des textes courts et des scénarios
de bandes dessinées, que Romain Simon illustre pour lui. De 1980
à 1990, il collabore à Bayard ("J'aime lire")
; ses bandes dessinées peuvent être très longues ;
il publie aussi des romans ("Capitaine Juliette" chez
Plon, "Les républiques du Bon Dieu" chez Spes,"
Manoir en péril", "Le chemin du large"...
"Le trésor du menhir" chez Rageot atteindra un
tirage de 300.000 exemplaires, ce qui est remarquable. Sortiront encore
: "Le mousse du bateau perdu", "Pépé
la boulange", etc... en tout plus de 130 ouvrages pour la jeunesse...
Il est décédé le 11 mars 2011, et l'association des
amis d'Yvon Mauffret a été créée à
la fin de la même année.
15- Intervention
de David Lappartient, maire de Sarzeau, conseiller général
La presqu'île de Rhuys a environ 100 kms de côte, dont 46
à Sarzeau. Le tourisme a démarré réellement
dans la presqu'île en 1965 avec Raymond Marcellin, ce qui a permis
de retrouver en 1999 le même nombres d'habitants qu'en 1855. Actuellement,
beaucoup de retraités font de leur résidence secondaire
dans la presqu'île leur résidence principale, ce qui inverse
la tendance où les résidences secondaires étaient
plus nombreuses que les résidences principales. Les retraités
ont souvent des revenus supérieurs aux actifs. La commune de Sarzeau
s'efforce de revitaliser le bourg et ses commerces. Des sondages ont permis
de repérer des villas gallo-romaines au bourg de Sarzeau, ce qui
confirme l'antiquité du bourg. L'achat de la maison Lesage permettra
d'étendre les activités culturelles existant déjà
à l'Espace Hermine. Sarzeau comporte aussi sept châteaux
sur son territoire, dont le prestigieux château de Suscinio. Il
importe de préserver l'équilibre entre les diverses activités,
et de veiller à maintenir les activités ostréicoles
et les 25 exploitations agricoles.
16- Pierre Beunon
: René Lesage, présentation devant sa grande fresque historique.
Né en mai 1668 à Sarzeau, Alain-René Lesage va passer
15 ans à Sarzeau, puis 5 ans à Vannes chez son oncle Alain
Brenugat, son père étant décédé avant
ses 15 ans. Ayant fait des études de droit à Paris, il préfère
cependant s'orienter vers la littérature. Ses pièces de
théâtre rencontrant peu de succès, il écrit
des romans, comme "Le diable boîteux" qui rencontre
un franc succès ; il sera suivi de "Gil Blas"
et de "Turcaret", où il dévoile ses véritables
talents.
Son grand-père Jacques Lesage était gendarme, et l'origine
de sa famille est inconnue. Il achète la terre de Kerbistoul. Son
fils Claude épousera la soeur d'Alain Brenugat, âgée
de 40 ans ; ils auront Alain-René comme enfant, et Alain Brenugat
sera son parrain.
A Paris, une rue Lesage existe depuis 1864, et son buste se trouve
à la Comédie Française. Une rue Lesage existe
aussi à Vannes. A Sarzeau, une place porte son nom, et la maison
Lesage a été récemment rachetée par la commune.
Une allée du Diable Boîteux existe aussi à
Sarzeau, ainsi qu'une résidence Turcaret.
17- Messe à
18 h à l'ancienne abbatiale de Saint-Gildas-de-Rhuys, célébrée
par Mgr Centène, évêque de Vannes.
Journée
du dimanche 16 juin 2013
18- Histoire de
l’Abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys
L'abbaye
est réputée avoir été fondée par saint
Gildas, saint breton de Grande-Bretagne, sur un site déjà
occupé à l'époque gallo-romaine. Saint Gildas serait
né vers 500, peut-être un peu avant, et décédé
vers 570. C'est l'auteur connu du "De excidio Britanniae",
où il évoque la fuite des Bretons de Grande-Bretagne vers
l'Armorique, due surtout à l'incurie et à l'inconscience
des dirigeants, dont il brocarde sévèrement le comportement
de plusieurs d'entre eux vivant au Pays de Galles ou dans un lieu proche.
La première Vita de saint Gildas n'apparaît qu'au 11e siècle,
et manque de témoignages historiques, si bien que sa venue en petite
Bretagne peut être mise en doute, tout comme son voyage à
Rome, alors que son voyage en Irlande apparaît plus crédible.
Ruinée par les invasions normandes, l'abbaye a vu fuir ses moines
et leurs reliques vers Déols, à côte de Châteauroux
(Indre) où ils fondèrent l'abbaye Saint-Gildas. L'abbaye
bretonne est restaurée vers 1010 à la demande du duc de
Bretagne qui fait appel à des moines de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire
(Fleury). C'est donc une abbaye bénédictine qui s'installe
à Rhuys, avec des dépendances, comme l'ermitage de saint
Gildas sous la butte de Castennec (Bieuzy) et le prieuré de Locminé.
L'abbaye va aussi essaimer, créant Saint-Gildas des Bois dans l'évêché
de Nantes. Les deux abbayes feront partie de la congrégation de
Saint-Maur au XVIIe siècle.
Depuis 1825, les bâtiments de l'abbaye appartiennent à la
communauté des Soeurs de la Charité de Saint Louis, tandis que l'abbatiale
est devenue église paroissiale.
Les personnages historiques de l'abbaye de Rhuys sont Félix, le
reconstructeur, Vitalis, qui écrivit la vie de saint Gildas (laquelle
contient aussi la vie de sainte Tréphine) ; et le célèbre
Abélard, qui fit vers 1125 un séjour de plusieurs années
comme abbé à Rhuys, où il ne put s'entendre avec
les moines bretons, qui pour lui étaient incultes, grossiers et
parlaient entre eux une langue qu'il ne connaissait pas...
Un colloque consacré à saint Gildas s'est tenu à l'abbaye les 30
et 31 janvier 2009, et les actes en ont été publiés
en 2011.
19- Concert de
l’Association Bretonne donné à la Salle des Spectacles :
avec Maylis Tremblay (violoncelle) et Agnès Le Blohic (piano).
20- visite de la
chapelle de Penvins

chapelle Notre-Dame
de la Côte à Penvins, reconstruite à la fin du XIXe
siècle par Olivier de Langlais, à la place d'une ancienne
chapelle en ruine...
21- Visite du château
de Truscat - Histoire des Francheville, par Gaëtan de Langlais
La famille
Francheville apparaît en Bretagne au milieu du XVe siècle,
où Pierre de Francheville est un proche du duc de Bretagne.
En 1532, Etienne de Francheville acquiert la terre de Truscat sur
la côte nord de Sarzeau et son fils René la fait anoblir
en 1564.
La famille a toujours possédé Truscat depuis, avec de nombreux
descendants, parmi lesquels on peut citer :
- Pierre de Francheville, qui fonda au XVIIe siècle l'hôpital
de Sarzeau, lequel est aujourd'hui la maison de retraite qui porte son
nom ;
- son frère, Daniel de Francheville, qui devint évêque de Périgueux
en 1696 ;
- Gabriel de Francheville qui, après la Révolution, va transformer
le manoir en château néo-Louis XIII, et y fera un essai de culture
du ver à soie : malgré le succès de l'expérience,
une maladie inconnue y mettra fin.
- Vers 1850, Amédée de Francheville est maire de Sarzeau et conseiller
général.
Des liens familiaux avec les familles Cillart de Kerampoul, Langlais et
Gouvello sont apparus à l'occasion de mariages.
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