Synthèse des exposés du 147e congrès tenu à Sarzeau les 14, 15 et 16 juin 2013

Journée du 14 juin 2013

1- Après quelques mots de Yann Kergall, président de l'Association Bretonne, Yves Borius, ancien maire, prononce l'allocution de bienvenue en lieu et place du maire, David Lappartient, retenu par une réunion en Allemagne.
Yves Borius a été l'initiateur de la réalisation de l'espace Hermine, le centre culturel de Sarzeau où se déroule le congrès, qui héberge différentes activités artistiques et culturelles, comme la bibliothèque. Il brosse un rapide portrait de la presqu'île de Rhuys, où le port de plaisance du Crouesty est devenu le premier de Bretagne.

2- Yvon Le Blohic : deux lexicographes de la presqu'île de Rhuys
Pierre de Chalons (1641-1718), né à Saint-Dizier près de Lyon, fut recteur de Sarzeau sous la régence.
Claude Cillart de Kerampoul (1686-1749), né à Sarzeau, était lui aussi prêtre. Chacun a produit un dictionnaire du parler breton de l'évêché de Vannes.
Ces deux ouvrages sont utiles pour connaître le breton parlé dans la presqu'île de Rhuys, d'où il a disparu (début du déclin vers 1930, décès des derniers locuteurs dans les années 80). Cette disparition est due à l'affluence touristique dès le XIXe siècle (parution en 1864 du "Guide des baigneurs et des touristes" de la presqu'île de Rhuys, imprimé chez Galles à Vannes).
Le seul dictionnaire breton publié au XVIIe siècle est celui du père Maunoir, avec vocabulaire, grammaire et syntaxe.
Le dictionnaire de Pierre de Chalons sera publié en 1723, cinq ans après sa mort. Sur 170 pages de petit format, il contient 5000 mots ; il mentionne parfois les formes de la presqu'île.
Claude Cillart de Kerampoul fut très tôt orphelin de son père, sénéchal de Rhuys, il fut recueilli et éduqué par son oncle, recteur de Noyal-Pontivy. Il publia son dictionnaire sous le pseudonyme "L'A." [L'Armerye], avec un faux lieu d'impression (Leyde, en fait à Vannes).
C'est un ouvrage de 500 pages, réédité plusieurs fois, et encore assez courant dans les ventes d'ouvrages anciens. Il comporte beaucoup d'expressions, montrant souvent le caractère de son auteur (dictons usuels, phrases d'humour, on retrouve toute sa personnalité dans cet ouvrage haut en couleur...) ; le dictionnaire suivant du breton vannetais sera celui d'E. Ernault en 1904.
Nota : Le lieu de Kerampoul à Sarzeau héberge aujourd'hui un camping.

3- Guy Lanoë : Le port du Crouesty
Au XVIIe siècle, Arzon est connu pour son commerce de la sardine, et le cabotage à voile. Mais peu à peu l'activité diminue, et en 1950, la commune est dépeuplée. Dans les années 60, Raymond Marcellin va impulser un projet ambitieux, autour d'un port de plaisance à créer dans une vasière inutilisée. 140 hectares vont être achetés par le conseil général, y compris le promontoire du Petit Mont. Le chantier va commencer dès 1972, avec une maquette et un nouveau plan d'occupation des sols en 1976.
En 1981, la Société de Développement du Port du Crouesty (SDPC) lance un projet immobilier avec un architecte des stations de montagne, ce qui va donner son caractère si original au site.
En 1984 est construite la maison du port ; Pierre et Vacances bâtit ses logements à destination des touristes, la thalassothérapie arrive avec le gigantesque Miramar... Arzon compte 2260 habitants hors saison, mais beaucoup plus en été...
Le projet a pourtant ses revers : deux mois de fonctionnement optimal, le déport des lieux préférés des touristes (le "rempart" immobilier de Kerjouanno au bord de la mer est en berne...), et la campagne d'Arzon semble abandonnée, malgré l'existence de 30 km de sentiers pédestres au bord de la mer et à l'intérieur des terres...

4- la présidente de la Fédération des sociétés savantes de Bretagne (FSB) fait une rapide présentation de la fédération, qui regroupe une dizaine d'associations d'histoire et d'archéologie sur toute la Bretagne ; cf. http://www.shabretagne.com/federation.php

5- Hervé du Cleuziou : les marais salants de Sarzeau
Cette activité ancienne exploitait 1000 hectares de marais dans la presqu'île au XVe siècle, grâce à l'ensoleillement estival qui permettait, par un système traditionnel d'étier, de gobier, de fares, adernes et oeillets, de récolter chaque année des tonnes de sel, quand la température est supérieure à 22°C. Hervé du Cleuziou nous présente plus particulièrement les marais salants de Kerboulico, une centaine d'hectares autour de l'étier de ce nom, faisant partie au XVIIe siècle du domaine royal, suite au domaine ducal de Suscinio. En 1711 a eu lieu une "aliénation des terres vaines et vagues" par afféagement : Hervé du Cleuziou a pu retrouver les preuves historiques, en particulier les actes d'afféagement, dans le chartrier d'Uzès, regroupant en particulier de nombreux documents de la famille de Conti ; d'où 400 pièces et dossiers, concessions royales d'endiguages, confirmations de la sénéchaussée de Surzur, ... tous documents encore nécessaires aujourd'hui pour apporter des preuves de propriété.
On peut donc reconstituer les travaux nécessaires à l'exploitation des marais salants : 700 hommes pour faire les digues, d'où un coût de 38.000 livres à l'époque (1 livre = 20 € d'aujourd'hui) pour 20 hectares de marais avec 250 oeillets. Un paludier exploite 25 oeillets annuellement, récoltant 1 tonne par oeillet. La rentabilité était de 5 à 6%, ce qui était recherché à l'époque. Chaque paludier avait droit à 100 kg de sel par an pour sa famille. La gabelle était imposée au commerce du sel en France, mais pas en Bretagne, d'où une contrebande énorme, qui a conduit à avoir jusqu'à 250 douaniers dans la presqu'île, logés dans 10 casernes... La libéralisation du commerce du sel n'arriva qu'en 1810, ce qui conduisit à la ruine de l'activité.

6- Raphaël Valéry : le château de Kerlévénan et le manoir de Kerbot / histoire des Gouvello
Présentation rapide des manoirs et des familles concernées ; un riche mariage apporta au marquis Joseph-Armand de Gouvello les finances nécessaires à la construction pour son épouse en 1780 de la magnifique copie du petit Trianon qu'est le château de Kerlévénan, avec pavillon chinois, temple de l'amour... A la Révolution, le marquis de Gouvello émigre. Au XIXe siècle, Amédée de Gouvello restaure Kerlévénan, transforme le temple d'amour en chapelle, aménage le parc et les jardins...
La visite du château sous la conduite de Gwenola de Gouvello après le repas au manoir de Kerbot a permis d'admirer les extérieurs et les pièces de vie, dont certaines conservent l'état d'origine (XVIIIe siècle), comme le petit boudoir.

Une copie de la Diane chasseresse de Versailles orne le parc du château.



7- Hervé du Cleuziou et le château de Suscinio
La suite de la journée a eu lieu dans la cour du château de Suscinio, où Hervé du Cleuziou a présenté l'histoire du château ducal et sa restauration, menée sur l'initiative de Raymond Marcellin. Le bâtisseur fut le duc Jean Ier, au milieu du XIIIe siècle. Le château eut à souffrir lors de la guerre de succession de Bretagne. Le grand logis avec les deux tours fut ensuite construit. Arthur de Richemont y naquit. En 1710 la princesse de Conti en devint la propriétaire. Mais le bâtiment ne sert bientôt plus que de logements pour les exploitants des terres agricoles. En 1779 a eu lieu un inventaire précis de toutes les pièces du château, ce qui fut très utile pour les travaux de restauration. En 1780, Mr Brenugat est le régisseur. Au 31 janvier 1791, 8000 habitants vivent sur le domaine de Suscinio, dont beaucoup dans des conditions misérables. Le château fut vendu en 1793 comme bien de la couronne.

8- Pierre Beunon : trois personnages historiques dans la presqu'île de Rhuys
Toujours dans la cour de Suscinio, Pierre Beunon, présente les circonstances du passage dans la presqu'île de Jules César : la bataille navale contre les Vénètes, avec des galères construites sans doute à Nantes : les points d'observation de la mer (Grand Mont, Tumiac, Petit Mont) furent sans doute tous trois utilisés, mais le plus important fut probablement celui du Petit Mont à l'entrée du Golfe ; on y a retrouvé récemment un autel romain portant le nom du fils de Quintus Sabinus, lieutenant de Jules César.
Bertrand du Guesclin est le second personnage présenté, lors de la fuite de Jean IV en Grande-Bretagne et la tentative d'appropriation de la Bretagne par Charles V, tentative qui sera finalement un échec.
François Ier tenta également la soumission de la Bretagne au cours d'un tour de France de deux ans : son cortège royal de 18.000 personnes ne pouvait loger en tout lieu, et en 1532 représentait plus de monde que la population de Vannes où étaient réunis les Etats de Bretagne.

8- Pierre Beunon : le manoir de Caden
Pierre Beunon reçoit les membres du congrès dans les jardins du manoir de Caden, dont il retrace l'histoire et les deux phases connues de construction : une maison forte, remplacée par un manoir construit perpendiculairement à la maison forte d'origine.
Le manoir est proche d'un étier, et donc d'une exploitation de marais salants autrefois.

Journée du 15 juin 2013

9- Yves Borius, en l'absence de David Lappartient, retardé dans son retour d'Allemagne en avion, fait une rapide évocation de l'Union Internationale des plus belles baies du Monde, dont font partie Rio de Janeiro au Brésil et le Golfe du Morbihan...

10- Yvon Le Blohic : le salon littéraire du château de Keralier
Le 18e siècle est une période favorable à l'éclosion des mouvements littéraires, y compris en Bretagne, qui compte des personnages connus comme Elie Fréron, quimpérois et René Lesage, de Sarzeau. Il n'existe alors en Bretagne qu'une académie de marine, à Brest, ce qui ouvre la possibilité de création de sociétés d'agriculture, de commerce, des arts...
Joseph René, comte de Sérent, propriétaire du château de Keralier, va créer cette société avec Barthélémy Pélage Georgelin, sénéchal de Corlay, et Marie-Madeleine de la Goublaye, comtesse de Nantois.
Le comte de Sérent est gouverneur du château de Suscinio et de la presqu'île de Rhuys ; il habite le château de Keralier, grande demeure sur un terrain en pente vers le golfe.
La devise des Sérent est "Mon âme à Dieu, Mon coeur aux dames, L'épée au roi, L'honneur à moi"...
Georgelin a fait ses études à Rennes ; en 1778, il a traduit l'usement de Rohan en vers ; la même année, il envoie quelques vers d'éloges à Voltaire, qui le remercie.
Marie-Madeleine de la Goublaye, comtesse de Nantois, est fille du maire de Pontivy, Jacques de Kerangal, et demeure au château de Moustoirlan en Malguénac à côté de Pontivy ; elle est une excellente poétesse. C'est donc ces 3 personnes, vivant en des lieux séparés (Corlay, Malguénac, Rhuys), qui vont, lors d'une réunion à Malguénac, lancer le projet d'un salon littéraire et même d'une académie de Bretagne. Ils créent donc la "Société Patriotique de Bretagne", ouverte aux femmes, qui va vivre de 1780 à 1790 et est domiciliée au château de Keralier.
Six assemblées ont lieu annuellement, entre fin mars et fin septembre. Les membres en sont des "citoyens unis" qui reçoivent "l'hommage et la reconnaissance de la Société Patriotique", dont les femmes sont "les ornements du temple de la patrie"...
La société recrute sur toute la France, et et comptera entre 50 et soixante membres, dont une dizaine de femmes, dont feront partie Mme de Kerangal, Mme Necker (Mme de Staël), Mme de Beauharnais... Ogée en fera partie. La société est connue à travers le Mercure de France ; elle délivre des diplômes en vers... En 1785 a lieu un essai de création d'une académie "encyclopédique et populaire", qui ne verra jamais le jour.
On approche de la Révolution, et Georgelin voit les choses bouger. La publication en 1788 de "Yorick ou le voyageur breton" est une véritable diatribe contre la société de l'époque. Georgelin publie aussi un pamphlet très virulent, qui met fin à la Société Patriotique.
La comtesse de Nantois émigre à Jersey, où elle va décéder en 1795.
Georgelin devient juge du tribunal de Pontivy, puis de Vannes, et administrateur du Morbihan ; il décède en 1798 à Guingamp.
Le comte de Sérent s'oppose à Jean-Marie Lequinio, maire de Rhuys, et s'exile à Cruguel (manoir de Beaulieu) ; il décède en 1792 à Vannes sans héritier.

11- Denis Hüe : les 5 volumes du "Roi Arthur" de Xavier de Langlais.
Normand et médiéviste, Denis Hüe commence sa présentation par une enquête sur l'histoire et la légende des romans arthuriens (ou romans de la Table Ronde), sujet complexe dont les premiers textes sont en latin. La "matière de Bretagne" est diffusée par des Bretons, qui sont connus dès le Xe siècle comme jongleurs (joculator) ; ce sont aussi des chanteurs, à l'origine des neumes bretons, système de notation de la musique en vogue à l'époque. Les lais bretons sont des textes chantés, dont on raconte d'abord l'histoire. Marie de France a ainsi réécrit ces textes de présentations des lais, qu'elle présente bien comme bretons. La production incessante de nouveaux textes conduit à créer des cycles, comme ceux de Lancelot, de Merlin ou encore du Graal.
On ne rencontre aucun texte en breton, mais la création permanente conduit à une nébuleuse de textes dans toute l'Europe, textes qui sont ensuite bien vite oubliés.
On redécouvre le Moyen-Age au XIXe siècle ; l'abbé de La Rue retrouve en Angleterre le manuscrit de la Chanson de Roland.
En 1854, on réédite Chrétien de Troyes, la société redevient arthurienne, par le théâtre, l'opéra...
La version Vulgate de H. Oskar - Sommer de l'histoire de Merlin est éditée en 1908 à Washington en 8 volumes, et est disponible sur internet : http://archive.org/details/arthurian01sommuoft et suivants.
De 1900 à 1930 a lieu une réappropriation du patrimoine, et les rééditions des ouvrages de Bédier, de Boulanger se succèdent (jusqu'à 15 éditions). La multiplicité de ces éditions fait qu'il n'est plus besoin de faire de nouveaux textes. Pourtant Xavier de Langlais l'a fait, d'abord pour redonner une couleur vraiment bretonne aux textes, en réimplantant les événements en Bretagne armoricaine. Plutôt que de travailler sur le manuscrit 255 de Rennes, le plus ancien manuscrit illustré du cycle du Lancelot Graal, Xavier de Langlais travaille sur les ouvrages Boulanger, en créant par exemple la Bretagne Bleue, et le nom Marzhin pour Merlin, avec un ancrage des toponymes autour de la forêt de Brocéliande (ou de Paimpont) : c'est un beau travail de (re)création d'un imaginaire de Bretagne.
Xavier de Langlais a également écrit en breton le tome I de la collection.

12- Gaetan de Langlais : illustrations de Xavier de Langlais
Projection d'un portrait de Xavier de Langlais réalisé en 1932 par Xavier Haas, demeurant au manoir de la Noëdic en Sarzeau ; Les deux amis se rencontrent souvent, dans le cadre de l'association des "Seiz Breur".
Gaétan de Langlais nous montre aussi des dessins de Xavier de Langlais peu connus, illustrant des almanachs Ouest-France de 1955 à 1961, dessins de tous styles, humoristiques, pour des histoires, des légendes...
Portail Langlais sur le web : http://www.delanglais.fr/


13- Marie-Renée Martin-Roussel : Marie Le Franc, un singulier destin.
(Association "Les amis de Marie Le Franc" créée en 1997)
Marie Le Franc est née le 4 octobre 1879 à Banaster, nommée à sa naissance Marie Françoise. Dans son livre "une enfance marine" (1959), elle raconte sa jeunesse dans la presqu'île de Rhuys, où elle va à 5 ans vivre plusieurs années chez ses grand-parents à Pencadénic. Son grand-père, qui assure la traversée de l'étier de Penerf, lui raconte souvent des légendes traditionnelles... A cinq ans elle apprend à lire dans un missel en latin. Son père douanier avait été muté à Séné, et va ensuite à Sarzeau, où elle retrouve ses six frères et soeurs ; elle suit les cours de l'école des soeurs de Sarzeau, puis va faire l'école Normale à Vannes.
Elle débute ensuite une carrière d'institutrice, avec un premier poste à la Trinité-Porhoët. Elle écrit beaucoup, y compris des poèmes. En mai 1900, elle correspond avec le capitaine Marchand, le "héros de Fachoda", qu'elle rencontre à Paris, sans que leur relation ait une suite. Elle est ensuite nommée à Muzillac, à Vannes, à Colpo, où elle vit la loi de séparation de l'église et de l'état (1905) et ses excès dans son application.
Elle continue à écrire des poèmes, et correspond avec le Canada, pays qui l'attire et où l'on parle français. En janvier 1906, elle décide d'aller au Canada sur l'invitation du journaliste et écrivain Arsène Bessette, mais leurs relations tournent court ; elle décide cependant de rester au Canada, et trouve un emploi au journal "la Patrie", où sa méconnaissance de l'anglais ne lui permet pas de continuer plus de 3 mois. Elle fait partie d'un petit cercle littéraire, et obtient un poste de professeur de français dans une école privée. Elle fait peu à peu sa vie au Canada ; en 1914, elle obtient un poste à la Weston School, où elle restera 16 ans.
En 1916 et 1918, elle apprend la mort de ses deux frères à la guerre sans pouvoir revenir en France ; en 1920, elle revient à Rhuys, et y rédige un roman, qu'elle propose à un éditeur parisien : ce sera un refus. De retour au Canada, elle reçoit en 1924 les palmes académiques, correspond avec Louis Dantin, critique littéraire qui reconnaît ses mérites, et Victor Barbeau, journaliste et écrivain. En 1925, elle imprime son roman à ses frais, et gagne la bourse du voyage littéraire. De retour en France à l'hiver 1926, elle reçoit le prix Fémina en 1927 pour son roman "Grand-Louis l'innocent".
En 1928 au Canada, elle raconte ses parcours dans la forêt canadienne des Laurentides, qui fourniront l'essentiel de la trame de ses romans canadiens, tel "Le fils de la forêt". Elle fait un nouveau séjour à Sarzeau en 1930, puis retourne à Montréal. Elle participe à une expédition en Gaspésie, et fait une conférence retentissante sur la misère des habitants oubliés du gouvernement. Ce sera le sujet de son ouvrage "Pêcheurs de Gaspésie". Elle fait plusieurs séjours en France, où elle commence à être connue ; elle obtient la légion d'honneur en 1935. Elle participe à un projet de création d'une académie des lettres de Bretagne, fondée en juin 1937, dont elle est vice-présidente.
Elle passe 1938 au Canada et revient en France en 1939 voir sa mère mourante ; elle ne pourra pas quitter la France pendant la guerre, période qu'elle passe à Sarzeau. Sans ressources, elle vit dans des conditions précaires, mais aide quand même des réfugiés de l'occupation allemande. Elle est de retour au Canada en 1947, où elle reçoit une subvention mensuelle. Elle revient en France en 1950, est membre de la Société des Gens de Lettres en 1952, officier de la légion d'honneur en 1953. Elle retourne encore au Canada, et continue ses allers-retours entre la France et le Canada, ses deux "patries".
En 1960 elle revient définitivement en France, où, en mauvaise santé, elle sera admise au château du Val à Saint-Germain en Laye, qui sert de résidence aux membres de la légion d'honneur. Elle décèdera le 29 décembre 1964 à l'hôpital de Saint-Germain, et sera enterrée le 5 janvier 1965 à Sarzeau, où sa tombe toujours fleurie côtoie aujourd'hui celles de deux militaires canadiens décédés au cours de la guerre 39-45.
Marie Le Franc apparaît comme une femme d'exception, indépendante, active et entreprenante, qui eut une vie riche en événements d'une grande diversité. Seule ombre au tableau, elle n'a pas pu trouver le mari exceptionnel dont elle avait peut-être conçu le modèle idéal dans ses rêves poétiques...
Site web de l'arrière petite nièce de Marie Le Franc avec de nombreuses photos : http://www.everyoneweb.fr/marielefranc/

14- Jean-Claude Le Dro : Yvon Mauffret, écrivain de la jeunesse et de la presqu'île de Rhuys
Né en 1927 à Lorient la nuit de Noël, d'une famille gildasienne, il fera des études à Saint-Sauveur de Redon puis à Paris. Il navigue deux ans comme "écrivain" (secrétaire de bord), aime écrire des poésies et des textes courts. En 1951, il publie une brochure sur Saint-Gildas de Rhuys, et poursuit à Paris ses relations avec d'autres écrivains. Il reprend la mer en 52-54, puis se rend compte qu'il peut vivre de sa plume, publie des pièces de théâtre, des nouvelles, un roman non signé en épisodes dans la revue "Confidences" en 1957 ; il utilise souvent le pseudonyme "Yvon Rhuys".
Entre 1958 et 1968, il collabore aux éditions catholiques de Montsouris (Lisette, Pierrot, puis Champion) par des textes courts et des scénarios de bandes dessinées, que Romain Simon illustre pour lui. De 1980 à 1990, il collabore à Bayard ("J'aime lire") ; ses bandes dessinées peuvent être très longues ; il publie aussi des romans ("Capitaine Juliette" chez Plon, "Les républiques du Bon Dieu" chez Spes," Manoir en péril", "Le chemin du large"... "Le trésor du menhir" chez Rageot atteindra un tirage de 300.000 exemplaires, ce qui est remarquable. Sortiront encore : "Le mousse du bateau perdu", "Pépé la boulange", etc... en tout plus de 130 ouvrages pour la jeunesse...
Il est décédé le 11 mars 2011, et l'association des amis d'Yvon Mauffret a été créée à la fin de la même année.

15- Intervention de David Lappartient, maire de Sarzeau, conseiller général
La presqu'île de Rhuys a environ 100 kms de côte, dont 46 à Sarzeau. Le tourisme a démarré réellement dans la presqu'île en 1965 avec Raymond Marcellin, ce qui a permis de retrouver en 1999 le même nombres d'habitants qu'en 1855. Actuellement, beaucoup de retraités font de leur résidence secondaire dans la presqu'île leur résidence principale, ce qui inverse la tendance où les résidences secondaires étaient plus nombreuses que les résidences principales. Les retraités ont souvent des revenus supérieurs aux actifs. La commune de Sarzeau s'efforce de revitaliser le bourg et ses commerces. Des sondages ont permis de repérer des villas gallo-romaines au bourg de Sarzeau, ce qui confirme l'antiquité du bourg. L'achat de la maison Lesage permettra d'étendre les activités culturelles existant déjà à l'Espace Hermine. Sarzeau comporte aussi sept châteaux sur son territoire, dont le prestigieux château de Suscinio. Il importe de préserver l'équilibre entre les diverses activités, et de veiller à maintenir les activités ostréicoles et les 25 exploitations agricoles.

16- Pierre Beunon : René Lesage, présentation devant sa grande fresque historique.
Né en mai 1668 à Sarzeau, Alain-René Lesage va passer 15 ans à Sarzeau, puis 5 ans à Vannes chez son oncle Alain Brenugat, son père étant décédé avant ses 15 ans. Ayant fait des études de droit à Paris, il préfère cependant s'orienter vers la littérature. Ses pièces de théâtre rencontrant peu de succès, il écrit des romans, comme "Le diable boîteux" qui rencontre un franc succès ; il sera suivi de "Gil Blas" et de "Turcaret", où il dévoile ses véritables talents.
Son grand-père Jacques Lesage était gendarme, et l'origine de sa famille est inconnue. Il achète la terre de Kerbistoul. Son fils Claude épousera la soeur d'Alain Brenugat, âgée de 40 ans ; ils auront Alain-René comme enfant, et Alain Brenugat sera son parrain.
A Paris, une rue Lesage existe depuis 1864, et son buste se trouve à la Comédie Française. Une rue Lesage existe aussi à Vannes. A Sarzeau, une place porte son nom, et la maison Lesage a été récemment rachetée par la commune. Une allée du Diable Boîteux existe aussi à Sarzeau, ainsi qu'une résidence Turcaret.

17- Messe à 18 h à l'ancienne abbatiale de Saint-Gildas-de-Rhuys, célébrée par Mgr Centène, évêque de Vannes.

Journée du dimanche 16 juin 2013

18- Histoire de l’Abbaye de Saint-Gildas-de-Rhuys
L'abbaye est réputée avoir été fondée par saint Gildas, saint breton de Grande-Bretagne, sur un site déjà occupé à l'époque gallo-romaine. Saint Gildas serait né vers 500, peut-être un peu avant, et décédé vers 570. C'est l'auteur connu du "De excidio Britanniae", où il évoque la fuite des Bretons de Grande-Bretagne vers l'Armorique, due surtout à l'incurie et à l'inconscience des dirigeants, dont il brocarde sévèrement le comportement de plusieurs d'entre eux vivant au Pays de Galles ou dans un lieu proche. La première Vita de saint Gildas n'apparaît qu'au 11e siècle, et manque de témoignages historiques, si bien que sa venue en petite Bretagne peut être mise en doute, tout comme son voyage à Rome, alors que son voyage en Irlande apparaît plus crédible.
Ruinée par les invasions normandes, l'abbaye a vu fuir ses moines et leurs reliques vers Déols, à côte de Châteauroux (Indre) où ils fondèrent l'abbaye Saint-Gildas. L'abbaye bretonne est restaurée vers 1010 à la demande du duc de Bretagne qui fait appel à des moines de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire (Fleury). C'est donc une abbaye bénédictine qui s'installe à Rhuys, avec des dépendances, comme l'ermitage de saint Gildas sous la butte de Castennec (Bieuzy) et le prieuré de Locminé. L'abbaye va aussi essaimer, créant Saint-Gildas des Bois dans l'évêché de Nantes. Les deux abbayes feront partie de la congrégation de Saint-Maur au XVIIe siècle.
Depuis 1825, les bâtiments de l'abbaye appartiennent à la communauté des Soeurs de la Charité de Saint Louis, tandis que l'abbatiale est devenue église paroissiale.
Les personnages historiques de l'abbaye de Rhuys sont Félix, le reconstructeur, Vitalis, qui écrivit la vie de saint Gildas (laquelle contient aussi la vie de sainte Tréphine) ; et le célèbre Abélard, qui fit vers 1125 un séjour de plusieurs années comme abbé à Rhuys, où il ne put s'entendre avec les moines bretons, qui pour lui étaient incultes, grossiers et parlaient entre eux une langue qu'il ne connaissait pas...
Un colloque consacré à saint Gildas s'est tenu à l'abbaye les 30 et 31 janvier 2009, et les actes en ont été publiés en 2011.

19- Concert de l’Association Bretonne donné à la Salle des Spectacles :
avec Maylis Tremblay (violoncelle) et Agnès Le Blohic (piano).

20- visite de la chapelle de Penvins

chapelle Notre-Dame de la Côte à Penvins, reconstruite à la fin du XIXe siècle par Olivier de Langlais, à la place d'une ancienne chapelle en ruine...

21- Visite du château de Truscat - Histoire des Francheville, par Gaëtan de Langlais
La famille Francheville apparaît en Bretagne au milieu du XVe siècle, où Pierre de Francheville est un proche du duc de Bretagne.
En 1532, Etienne de Francheville acquiert la terre de Truscat sur la côte nord de Sarzeau et son fils René la fait anoblir en 1564.
La famille a toujours possédé Truscat depuis, avec de nombreux descendants, parmi lesquels on peut citer :
- Pierre de Francheville, qui fonda au XVIIe siècle l'hôpital de Sarzeau, lequel est aujourd'hui la maison de retraite qui porte son nom ;
- son frère, Daniel de Francheville, qui devint évêque de Périgueux en 1696 ;
- Gabriel de Francheville qui, après la Révolution, va transformer le manoir en château néo-Louis XIII, et y fera un essai de culture du ver à soie : malgré le succès de l'expérience, une maladie inconnue y mettra fin.
- Vers 1850, Amédée de Francheville est maire de Sarzeau et conseiller général.
Des liens familiaux avec les familles Cillart de Kerampoul, Langlais et Gouvello sont apparus à l'occasion de mariages.

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