Notes
sur les exposés du congrès de Redon - 29 et 30 juin 2012
Vendredi 29
juin
- Message d'accueil
de M L. Le Coz, adjoint au maire.
La notion de "pays de Redon" est ancienne ; elle réunit
depuis longtemps des personnes des 3 départements (35, 44, 56)
habitués à vivre ensemble et à organiser le commerce
à partir de Redon.
Aujourd'hui, la communauté de communes regroupe 57.000 habitants
sur 24 communes, et des décisions sont souvent prises à
l'unanimité. Il y a des entreprises importantes, comme l'usine
BIC, ou encore (en-dehors de la communauté) l'entreprise Yves Rocher
à La Gacilly.
- Mme Haulbert,
directrice du lycée, fait un rapide historique de l'abbaye Saint-Sauveur,
fondée en 832 par saint Conwoion.
Une reconstruction a lieu au 17e siècle (Richelieu étant
abbé). En 1838, l'abbaye devient un collège eudiste, qui
eut des élèves connus comme Hervé Bazin, Jean Marin,
ou encore Arthur Bernède, romancier créateur du personnage
de Belphégor...
En 2012, le lycée héberge 855 élèves avec
73 enseignants. Les bâtiments sont ouverts au public, pour visiter
le cloître, les jardins, la galerie, le souterrain...
Une restauration des bâtiments est actuellement en cours - 4e tranche
- (avec l'aide du Crédit Agricole, du Conseil Régional,
de la Mairie) sous la direction de la DRAC.
Un colloque universitaire est en préparation pour octobre 2013
sur l'histoire de Redon, de l'abbaye à la ville. Les actes en seront
publiés en 2015.
- Le président
Yann Kergall souhaite que ce colloque soit une réussite, et que
les exposés du congrès soient un progrès dans la
connaissance de l'histoire de Redon.
Il signale aussi une déclaration qui sera faite en public après
le repas pour réclamer la réunification de la Bretagne,
si problématique dans le contexte français.
- 9h30 : exposé
de George Le Cler : Redon à travers l'Histoire
Un survol rapide de l'histoire de Redon, qui commence par l'étymologie
: avec la forme ancienne Roton, il faut se rattacher à la conclusion
de Guy Souillet : une origine gauloise, et une étymologie qui reste
encore à expliquer (sans doute pas le nom de la peuplade des Redones,
qui a donné le nom de la ville de Rennes).
Saint Conwoion, originaire de Comblessac, était archidiacre du
diocèse de Vannes. Par suite d'une mésentente avec son évêque
Raginarius (Régnier ?), il se retire sur la butte de Beaumont,
où il s'installe avec l'accord du tiern Ratvili, de Sixt-sur-Aff.
Il obtient l'accord de Louis le Débonnaire pour fonder un monastère,
par l'intermédiaire de Nominoë, délégué
de l'empereur.
La fondation nécessite d'obtenir de reliques : ce sont celles de
saint Hyphothème, qui seront religieusement ramenées d'Angers...
Le pape est alors Léon IV. Lors de la querelle entre Nominoë
et les évêques de Bretagne, Conwoion ira à Rome plaider
la cause des évêques ; il recevra du Pape des reliques de
saint Marcellin, évêque de Rome (et donc dans la liste des
papes) vers 300.
Une chapelle saint Marcellin sera construite à Mouais, et sera
un lieu de pélerinage très fréquenté.
Lors des pillages commis par les Normands, les moines se réfugient
plus dans les terres, à Maxent, dont Conwoion avait soutenu la
création de l'abbaye.
Lors de la bataille de Ballon en 845 (peut-être une simple escarmouche
?) qui vit Nominoë triompher sur Charles Le Chauve, c'est donc un
chef originaire du Poher qui émancipe la Bretagne de la tutelle
franque. Une statue de Rafig Tullou rappelle cette victoire.
Conwoion décède à Maxent en 868.
Les documents anciens :
- Le Cartulaire dit de Redon (essentiellement du XIe siècle) est
composé de copies de pièces originales remontant parfois
au 9e siècle. Les noms de personnes et de lieux sont écrits
en vieux-breton. Certaines chartes sont des faux, comme ceux sur Belle-Ile
en Mer et le prieuré de Béré. (Belle-Ile relevait
de l'abbaye de Quimperlé). Mais le Cartulaire reste malgré
tout un document précieux.
- Les Gesta Sanctorum Rotonensium décrivent l'histoire du monastère
et la vie quotidienne des moines, avec une foule de détails et
d'anecdotes : c'est un livre exceptionnel et passionnant. Il a été
étudé par Mabillon (1880) ; René de Laigue (1903)
en étudie quelques extraits. Récemment, Caroline Brett a
étudié le texte complet, qu'elle a publié en 1989
(latin / anglais).
A la même époque, Wendy Davies a étudié la
vie des domaniers des propriétés de l'abbaye de Redon (Small
Words, 1988).
Vers l'an 1000, Catwallon
réorganise l'abbaye. Le duc Alain Fergent y sera enterré,
prélude à la volonté de faire de l'abbaye de Redon
la nécropole des souverains bretons.
Au XIVe siècle, la guerre de succession de Bretagne verra la construction
de murailles autour de la ville.
Repères
chronologiques pour Redon :
- 1418 : passage de saint Vincent Ferrier
- 1422 : construction de l'hôtel des Monnaies
- 1429 : le pont Saint-Nicolas est en construction
- 1441 : le 14 août a lieu un concordat entre Jean V et le légat
du Pape pour la nomination des évêques.
- 1446 : Réunion des Etats de Bretagne
- 1449 : le pape Nicolas V dit oui le 10 juin pour un évêché
à Redon (avec 14 paroisses et les fiefs du monastère) ;
ceci entraîne un tollé, qui aboutit à une annulation
le 20 décembre.
- les abbés commendataires : Alain de Coëtivy, 1468 ; en 1568-1596
Paul-Hector Scotti ; de 1622 à 1642, Armand du Plessix de Richelieu,
qui ne viendra jamais à Redon. Voir la liste complète des
abbés sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_abbés_de_Saint-Sauveur_de_Redon
- en 1462, Louis XI rencontre François II à Redon
- en 1562, l'abbaye passe sous la règle de la la congrégation
de Saint-Maur.
- le XVIIIe siècle sera une époque faste pour Redon, avec
en particulier des chantiers de construction navale.
- 1784 : détournement de la Vilaine
- 1782 : l'abbaye est victime d'un incendie, qui va conduire à
l'amputation de l'abbatiale. La tour gothique va être séparée
de la nef.
- la Révolution voit Redon quitter l'évêché
de Vannes pour être rattaché à l'Ille-et-Vilaine.
C'est alors un chef-lieu de district de 3549 habitants.
- 1815 à 1821 : des Terre-Neuvas à Redon ?
- 1842 : creusement du bassin du canal
- 1862 : arrivée du chemin de fer
- 1934 ? : pose la plaque à Nominoë par le marquis de l'Estourbeillon
- époque actuelle : Albert Noblet et Jacqueline Frenay, président
et vice-présidente de l'APPHR, préparent le colloque universitaire
de l'automne 2013 sur l'histoire de Redon (18 et 19 octobre, avec Caroline
Brett, George Provost, ...)
- 10h30 : Emile
Granville : Les Bretons fondateurs du pays de Redon
Emile Granville est adjoint au maire et président de l’association "Brezhoneg
Bro-Redon"
Il présente d'abord l'association "Bretagne Réunie",
qui réclame la réunification de la Bretagne, dont la Loire-Atlantique
a été retirée en 1941 par le maréchal Pétain
lors de la création des régions administratives.
Une manifestion publique réclamant la réunification aura
lieu après le déjeuner.
Puis Emile Granville
montre comment Redon a toujours été lié à
la langue bretonne depuis sa fondation ; si le cartulaire de Redon est
un ouvrage essentiel pour connaître nombre de mots en vieux-breton,
on a continué à parler breton à Redon, même
si la limite de la langue s'est déplacée vers l'ouest. Mais
au XIXe siècle l'embourchure de la Vilaine est encore bretonnante,
et nombre de marins bretons venant à Redon parlent breton. Comme
à Rennes et à Nantes, l'usage du breton n'a sans doute jamais
disparu de Redon...
Et à notre époque,
on a à Redon une école bilingue, des cours du soir pour
adultes ...
En 2012, des
élèves du Cleu Saint-Joseph à Redon ont remporté un concours
de culture bretonne ouvert à tous les lycées et collèges
catholiques de Bretagne ; cette année, la dictée en breton
(ar Skrivadeg) a eu lieu le 22 mars dernier...
Sans oublier
le concours de textes en langue bretonne organisé chaque année
par l'Association Bretonne...
Samedi 30 juin
- 9h00 : Jean-Loup
Leber, directeur de l'enseignement catholique diocésain de l'Ille-et-Vilaine
Redon est au carrefour de 3 départements, de deux académies...
d'où des interactions et des échanges...
Le département d'Ille-et-Vilaine compte 262 écoles, 46 collèges,
22 lycées, soit 340 établissements, 80.000 élèves
et 6000 enseignements.
74 communes n'ont qu'une école catholique, 86 ont une école
publique, 140 ont les deux.
D'où un maillage réalisé par les paroisses et les
congrégations ; mais les congrégations se désengagent
progressivement :
frères de Ploërmel, Lassaliens, Eudistes, Soeurs de Ruillé-sur-Loir,
N.D. des Chaînes (Paramé), Soeurs de St-Méen-le-Grand,
...
D'où un passage de relais au diocèse... 325 sur 340 établissements
sont sous tutelle du diocèse, en fait un partenariat étroit
et confiant.
L'enseignement est en croissance (démographie positive en I-et-V.
comme dans le Morbihan).
Il y a un problème avec les retraits de postes, en contradiction
avec la démographie (pertes d'emplois, ...).
Les points d'action
de l'enseignement catholique sont multiples :
- dimension du lien social avec des valeurs chrétiennes : engagement
bénévole, sens du service, l'enseignement est une question
première.
- qualité éducative et pédagogique : reconnaissance
de l'expertise, engagements des acteurs...
- grande responsabilité des accords, dynamique des réseaux
et solidarité, dynamique des pays...
- contributions modestes des familles, modèles économiques
équilibrés.
Réflexions
sur le modèle éducatif : recherche d'une définition
plus précise dans l'anthropologie chrétienne (10 ans de
travail depuis 1991). L'anthropologie chrétienne a produit un nouveau
projet éducatif, pour une société en très
fort changement avec des défis majeurs :
1- le rapport au temps (l'instantanéité, difficile de s'inscrire
dans la longue durée) ; les nouvelles technologies ne construisent
pas les personnalités.
2- inclusion des personnes handicapées : lutte contre les inégalités,
la pauvreté.
3- le questionnement de la vie : éduquer à la confiance,
à la spiritualité intérieure...
sens de la vie des jeunes dans un monde qui a trop de repères...
savoir questionner les bouleversements du monde, y répondre par
l'engagement de soi...
4- vivre ensemble : le lien social, le rapport à la loi, à
l'autorité, l'exemplarité des adultes...
5- le rapport au savoir : les savoirs sont exponentiels... savoir penser,
raisonner, ... et s'inscrire dans le rapport à l'Histoire...
Comment s'intégrer dans un monde numérique (internet, développer
la prise en compte - le prof à côté et non devant...)
6- Réécriture du statut de l'Enseignement Catholique : réfléchir
sur sa place dans la société : avons-nous besoin de l'enseignement
catholique ?
Troisième problématique
: le choix des cadres, leur formation, leur environnement, le renouvellement
des cadres...
Recrutement, formation, Master indispensable, UCO, Instituts de formation...
La crise : le métier d'enseignant n'attire plus.
Charges nouvelles sur l'environnement. Les familles : déséquilibre
di modèle économique, problème du renouvellement
de l'immobilier...
On a actuellement un patrimoine immobilier très ancien, parfois
éloigné du développement démographique.
Dans un monde sécularisé, déchristianisé,
l'enseignement catholique est un lieu d'évangélisation ;
d'où l'apparition de nouveaux concepts :
- dispositifs d'accompagnement auprès des chefs d'établissement
- culture pédagogique : une réunion annuelle
- donner du sens à la mission d'enseignement.
Les 3 I : Inspirer,
Inviter, Interpeller ; axe de la postorale :
- accueil de tous, y compris besoins éducatifs particuliers (structures
spécialisées)
- renforcer la vie de réseau, la solidarité (y compris financière)
: 11 associations locales de pays...
- réflexion sur le maillage dans le problème des retraits
d'emplois ; synergie, fusions...
- dimension de la communauté éducative, implication des
parents d'élèves...
- et aussi : participation aux écoles bilingues, créations...
- 10h00 : Claude
Ollivier, journaliste à Ouest-France - exposé sur l'entreprise
Yves Rocher
Il est l'auteur
d'un livre sur Yves Rocher (Yves Rocher, une vie à fleur de peau,
Claude Ollivier, Ouest-France, Rennes, fév 2012)
Un an plus tôt, c'était un livre sur Guy Cotten ( Guy
Cotten, le soleil sous la pluie, Ouest-France, Rennes, fév
2011).
En 1950, 90% des logements ruraux de Bretagne sont sans eau courante (contre
34% en France) ;
mais depuis, la Bretagne a perdu ses complexes, grâce à ses
pionniers...
Dans un contexte d'industrie exangue et d'exode rural après-guerre,
la Bretagne se reconstruit avec 7000 dirigeants d'entreprises (PME essentiellement)
; ce sont des hommes discrets, fuyant les mondanités et souvent
sans moyens ; ils savent jouer sur l'adaptation au contexte économique,
le goût du risque, le pragmatisme, et aussi aimer l'argent et savoir
persuader ; avec des qualités indispensables : passion du pays,
courage, chance ou intuition, humilité... Seulement la moitié
de ces créateurs a le bac...
Yves Rocher a pour sa part mené une vie étonnante, avec
une personnalité complexe, multiple et passionnée.
Né le 7 avril 1930, fils d'un clerc de notaire de la petite bourgeoisie
de La Gacilly, il aura une enfance normale, mais il est curieux de tout,
c'est un élève performant qui foisonne d'idées ;
il a une âme de leader, n'aime pas perdre. Mais à 14 ans,
c'est le décès de son père, qui l'oblige à
abandonner ses études à Saint-Sauveur de Redon ; il prend
alors la succession du magasin familial de tissus et chapeaux. Puis ce
sera la conquête du marché avec son entreprise de parfums
et soins du corps avec vente par correspondance.
Yves Rocher avait des qualités qui ont fait son succès :
de très fortes convictions, une doctrine janséniste, le
besoin de se recueillir dans la forêt ou à Tymadeuc ; c'était
un humaniste coutumier des actions de solidarité, écoutant
beaucoup, disposant d'une excellente mémoire...
Il avait offert "L'imitation de Jésus-Christ" (oeuvre
anonyme datée autour de 1500) à son petit-fils Brice (actuel
président de l'entreprise).
Il aura subi le décès de son fils aîné Didier
(alors patron de l'entreprise) en décembre 1994.
Toute sa vie, il aura su être précurseur sur de nombreux
sujets, toujours en avance sur son temps :
- l'émancipation de la femme,
- l'environnement, l'ouverture sur le monde,
- l'aménagement du territoire,
- les usines à la campagne,
- la vente par correspondance, le client roi
- savoir choisir ses collaborateurs (il était très exigeant)
Il sera en conflit avec Sanofi et le Crédit Lyonnais pour le rachat
de Petit Bateau
C'était un homme passionné, pour son pays, pour ses causes,
sachant donner du sens à ses actions.
Il laisse un message d'espoir : ne pas désespérer, utiliser
des idées simples, dont l'attachement au pays...
- 11h00 : Loeiz
Laurent, L'organisation territoriale
La situation actuelle
en Bretagne est un mélange de rêve et de réalité
:
2 rêves actuels : ramener la Bretagne à cinq départements
comme le demande Bretagne Réunie reste un rêve (obstruction
des comportements politiques archaïques...)
Un rêve également, l'impossibilité de créer
un département ou un évêché dont Redon serait
le chef-lieu : la partition de l'état actuel serait refusé.
La situation du pays de Redon à cheval sur 3 départements
et 2 régions est de 5 communautés de communes, avec une
communauté d'agglo possible pour plus de 15.000 habitants (Redon,
Saint-Nicolas, Saint-Jean-la-Poterie).
La réalité actuelle est basée sur la loi de décembre
2010 (réforme des collectivités territoriales), votée
sans consultation des populations, qui met la notion de pays hors la loi
et condamne l'avenir des régions. En Bretagne, le CELIB a disparu
après publication de son livre blanc en 1971 : il n'y a plus de
moteur de progrès.
Le Sénat français est départementaliste, tandis que
les préfets de région sont exclus des réunions régionales...
Un projet actuel serait de 2500 communes dans une France une et indivisible
de cinquante départements...
La notion de pays associe villes et campagnes, alors que la notion de
communauté est ville ou campagne.
cf. le livre "Petits départements et grandes régions",
Loeiz Laurent, janvier 2011, éditions L'Harmattan
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